Protection de la biodiversité : le Domaine de la Rêverie engagé pour une Réserve Naturelle Volontaire

Préserver ce qui reste pour transmettre aux générations futures. À Anyama, le Domaine de la Rêverie s’engage dans un processus de classement en Réserve Naturelle Volontaire, avec l’appui des autorités environnementales, des journalistes et des communautés locales, afin de sauver La dernière forêt en Abidjan reliant le Parc National du Banco et la Forêt Classée Yapo-Abbe.

Face aux menaces croissantes qui pèsent sur les écosystèmes, l’exploitation forestière, agriculture extensive, urbanisation galopante,  la Côte d’Ivoire explore des solutions participatives pour renforcer la protection de sa biodiversité. Pour ce fait, le 11 février 2002, une loi portant sur la création, la gestion et le financement des réserves naturelles volontaires a été adoptée par l’assemblée nationale, ce décret  permet à tout propriétaire, communauté ou institution d’engager volontairement ses terres dans un processus de conservation officielle. Il existe cinq (5) Réserves naturelles volontaires en Côte d’Ivoire jusqu’à ce jour…..qui sont la réserve naturelle volontaire Eden de l’Agneby-Tiassa, la réserve naturelle Corridor Ecologique de Tai, les sites SIFCA (Eyania et Zuenoula), Reserve naturelle volontaire du N’ZI; la forêt maraie Tanoe Eyi.

Afrikibarru 2, un cadre d’échange et d’accompagnement

Lors du 2e voyage de presse  qui s’inscrit dans la dynamique du projet Afrikibarru 2 financé par CFI Media, et mis en œuvre par l’ONG Initiative pour le développement communautaire et la conservation de la Foret  qui promeut la gouvernance environnementale participative , 5 journalistes bénéficiaires de ce projet, experts du MINEDD-TE et de la Direction de la Protection de l’environnement , gestionnaires du Domaine de la Rêverie  et la communauté ont échangé sur les exigences techniques, juridiques et environnementales liées à la création d’une RNV. Cette rencontre a permis de clarifier les responsabilités du gestionnaire, mais aussi les opportunités offertes par ce statut: reconnaissance officielle, accompagnement technique de l’État et contribution aux engagements nationaux de conservation.

Domaine de la Rêverie : une vision environnementale née il y a plus de 50 ans

« Le Domaine de la Rêverie est né de la vision précoce d’un homme qui, dès le départ et sur deux générations, a su anticiper l’importance des enjeux environnementaux auxquels le monde est aujourd’hui confronté. Dans les années 1970, il fait l’acquisition d’une portion de l’ex-forêt classée de la Téké, alors déclassée. Contrairement aux usages courants de l’époque, il choisit de préserver une grande partie de ce patrimoine forestier, une décision maintenue jusqu’à ce jour, depuis 1971. À l’origine, la forêt s’étendait sur environ 858 hectares. Aujourd’hui, il n’en subsiste qu’un fragment estimé à 74Hectares, dont l’« eau pleine de terre » constitue l’un des derniers vestiges, témoin du lien étroit entre l’homme et la nature qui caractérisait autrefois cet espace. C’est autour de cette volonté de conservation qu’a été créé le Domaine de la Rêverie, un centre de recherche axé sur l’agroécologie et la protection de l’environnement. Toutefois, la survie d’un tel écosystème reste un défi majeur face aux pressions anthropiques croissantes. » a déclaré Soycado Samuel, ingénieur agronome spécialisé en production végétale, représentant les gestionnaires du domaine

Un site naturel porté par une vision de conservation

Situé à 6 kilomètres du village de Yapokoi dans la commune d’Anyama dans le Nord-Est de la capitale économique de la Cote d’Ivoire, le domaine de la rêverie s’étend sur une superficie de 74 hectares dont 12 hectares de forêts  primaires et 62 Hectares de forêts secondaires, niché dans un environnement encore préservé, le Domaine de la Rêverie se distingue par la richesse de ses paysages, sa couverture végétale et la présence d’espèces locales caractéristiques. Conscients de la fragilité de cet écosystème, les gestionnaires du domaine ont exprimé leur volonté de protéger durablement le site, tout en conciliant conservation, éducation environnementale et valorisation responsable.

Le domaine de la rêverie abrite une riche faune et flore

Marc Anthelme Kouadio, président de l’ONG  initiative pour le développement communautaire et la conservation de la Foret accompagnatrice de ce projet  a présenté les espèces et essences découverts dans le domaine de la Rêverie qui nécessite qu’il soit érigé en réserve Naturelle Volontaire. Selon lui, bien que la liste ne soit pas encore exhaustive, le Domaine de la Rêverie abrite une faune relativement diversifiée. Plusieurs espèces ont déjà été observées, notamment des perroquets à tête blanche, ainsi que des traces de céphalophes, communément appelés biches ou petits gibiers. Certaines espèces identifiées sont aujourd’hui menacées de disparition. En ce qui concerne la flore, le site regorge de nombreuses essences forestières. Parmi les espèces déjà recensées figurent notamment le badi ou bilinga, les ilombas, ainsi que plusieurs autres essences caractéristiques de la forêt dense, on a onze espèces d’amphibiens. On a vu des crapaudes d’alouelles, des crapauds, des scélophys, des grenouilles qui sont aussi en voie de disparition.

« Ce massif forestier joue par ailleurs un rôle écologique stratégique. Il constitue une zone de transition essentielle entre le Parc national du Banco et la forêt classée de Yapo-Abbé, servant de corridor naturel pour la migration des oiseaux vers cette dernière. Sans l’existence de ce pôle forestier, ces mouvements migratoires seraient fortement compromis » a insisté Marc Anthelme Kouadio.

L’implication des communautés dans la conservation et la protection des réserves naturelles volontaires

Toujours dans son exposé le président de l’ONG IDEF a souligné l’importance de la communauté dans cette bataille. Pour lui, il faut que la communauté soit impliquée pour que la forêt survive  « La gestion du Domaine de la Rêverie ne repose pas uniquement sur les responsables du site. Elle se veut inclusive et participative, en intégrant pleinement les communautés locales riveraines, notamment celles du village de Yapokoi, situé à proximité immédiate du domaine, L’objectif est de leur faire comprendre la démarche d’inclusion et d’implication envisagée dans la gestion durable du site. Cette participation passera par un accompagnement structuré et des actions de formation, afin de leur permettre d’identifier clairement les rôles qu’elles peuvent jouer dans la préservation et la conservation de ce patrimoine naturel.

Les procédures d’érection expliquée sur le terrain par les représentants du département de la protection de la nature

« La procédure d’érection d’une forêt en réserve naturelle volontaire débute par une demande officielle de classement. Celle-ci est formulée par la communauté, le gestionnaire ou le promoteur, à travers un courrier adressé au ministère en charge des Parcs et Réserves, exprimant la volonté de voir la forêt concernée bénéficier de ce statut de protection.

À la suite de cette requête, une équipe technique de la direction compétente est dépêchée sur le terrain pour une visite d’évaluation. Cette mission permet d’apprécier l’état de conservation de la forêt et de vérifier si elle répond aux critères requis pour être classée en réserve naturelle volontaire. À l’issue de cette visite, les experts formulent leurs observations et recommandations.

La troisième étape porte sur la constitution du dossier technique, un document clé qui comprend notamment des inventaires de la faune et de la flore, des études socio-économiques, des cartes à l’échelle, ainsi qu’un document attestant de la propriété ou des droits du promoteur sur la forêt concernée.

Une fois le dossier technique finalisé, une commission de classement est mise en place. Présidée par le préfet, cette commission examine l’ensemble des éléments du dossier et rend un avis. Si les membres se prononcent favorablement, le processus se poursuit avec l’élaboration d’un projet de décret, soumis à la validation des ministres concernés. Après adoption, la forêt est officiellement reconnue comme réserve naturelle volontaire » a expliqué de façon linéaire Péronne Kouassi, chef des services à la Direction de la protection de la nature du ministère de l’Environnement, du Développement durable et de la transition écologique.

Le chef des services à la Direction de la protection de la nature du ministère de l’Environnement, du Développement durable et de la transition écologique a insisté que bien que ces étapes puissent sembler simples sur le papier, la procédure est généralement longue et rigoureuse. Elle implique plusieurs études, la production de documents techniques, mais aussi de nombreuses actions de sensibilisation auprès des communautés locales, afin de recueillir leur adhésion et de prévenir tout litige. L’objectif est de garantir un consensus autour d’un espace qui intègre le patrimoine de l’État, tout en restant géré de manière participative par les communautés.

Enfin, l’érection en réserve naturelle volontaire s’accompagne de l’élaboration d’un plan d’aménagement et de gestion, défini en concertation avec les populations concernées. Cette approche vise à assurer la protection durable des écosystèmes, dans une logique de gestion participative, afin de préserver l’environnement et de transmettre ce patrimoine naturel aux générations futures ». 

Adam’S Kouassi, chef de service au niveau de la direction de la protection de la nature, du ministère de l’environnement et de la transition écologique a ajouté que « pour être classé en réserve naturelle volontaire, le site doit être naturel, bien conservé, rare et présenter un intérêt régional, national ou international, notamment par la présence d’espèces endémiques ou d’éléments remarquables.
Un autre critère essentiel est la preuve de la propriété du site par le promoteur, sans laquelle aucun classement n’est possible.
Enfin, la superficie et l’existence d’une carte du site sont encadrées par la loi ».

Un appel bien perçu par la communauté

Elles étaient une dizaine venue pour s’informer sur l’importance de s’impliquer à la protection de ce joyau qui leur est favorable  , elles en ressortent de ces échanges bien informées  et s’engagent  « En tout cas c’est ici que les tradipraticiens et nos mamans prennent les écorces des bois pour soigner les maladies donc, nous en s’engage dans la surveillance et alerter si nous voyons des choses pas claires ici » s’est exprimée Boa Rosaleine qui a participé pleinement à l’inventaire de nuit comme de jours

RANDOHLE .A

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