Le festival êLê d’Adiaké est chaque année un rendez-vous haut en couleurs. Entre compétitions de pirogues, danses traditionnelles et effervescence populaire, il célèbre la richesse culturelle des peuples lagunaires, la 9e édition a débuté le jeudi 29 mai 2025
Une célébration de l’identité lagunaire
Le festival ELE est l’âme d’Adiaké. Durant plusieurs jours, les communautés se retrouvent autour des traditions aquatiques qui ont façonné leur mode de vie. Les pirogues colorées glissent sur les eaux dans un ballet rythmé par les cris de joie et les percussions. Les femmes arborent leurs plus beaux pagnes, les chefs coutumiers bénissent la lagune, et les touristes affluent. ÊLÊ n’est pas qu’un événement : c’est une affirmation culturelle. Une transmission vivante des valeurs et du lien sacré entre l’homme et l’eau.
Une fête sur fond d’urgence écologique
Mais en marge des réjouissances, les anciens parlent bas. Les pêcheurs aussi. Les filets remontés sont plus légers qu’avant. Les espèces halieutiques semblent fuir ces eaux jadis nourricières. Un constat s’impose discrètement, mais fermement : la lagune Aby s’appauvrit. Les poissons se font rares. Et la fête masque mal les inquiétudes des riverains.
« Le problème c’est l’orpaillage clandestin qui se fait aux bords des lagunes au niveau du Ghana, qui se reverse dans la Tanoé et qui se déverse dans la lagune Aby , ce changement fait les espèces deviennent très rare » a souligné, adjé adjé Paul entraineur des anges de kakoukro lagune vainqueur de cette 9e édition
De l’autre côté Mr. Kouadio Pêcheur depuis 25ans, assis sur pirogue assistant fièrement les manches éliminatoires de la course aux pirogues, mais le regard inquiétant confie « Avant, en une sortie, je remplissais ma pirogue. Aujourd’hui, je rentre presque vide »
La lagune Aby, autrefois généreuse, montre aujourd’hui les signes d’un écosystème sous pression : surpêche, pollution, urbanisation anarchique. Les pratiques ancestrales de pêche, durables et codifiées, cèdent parfois à une exploitation plus agressive.
Le paradoxe du progrès
Ironie du sort, c’est au moment même où la culture lagunaire est célébrée que la nature qui l’a engendrée s’effondre. La fête continue, mais le garde-manger se vide. Et sans poissons, que deviendra êLê dans vingt ans ? Un folklore sans fondement, un théâtre sur une scène asséchée.
Le temps de l’action
Le festival ELE qui signifie en langue agni (pirogue) pourrait être plus qu’un hommage au passé : il peut devenir un outil de sensibilisation et de transition. Car préserver la lagune, c’est préserver la culture elle-même.
Adiaké vibre au rythme d’ELE. Mais sous la beauté des chants et des pagnes, la lagune pleure en silence. L’eau se retire, les poissons disparaissent, et le lien vital se fragilise. Il est temps de faire du festival un levier de renaissance écologique. Pour que la fête continue… durablement.
Randohle. A
AI Assistant
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